jeudi 26 mai 2011

Les petits cailloux

Si je devais raconter un souvenir d'école ça ne serait certainement pas en primaire. Je ne suis tombée que sur des maitresses un peu spéciales. 
En CP, ma maitresse ne m'aimait pas. Je savais lire et écrire depuis belle lurette quand je suis entrée en CP alors pour elle je ne servais un peu à rien. Voila un peu le genre. En CM1, j'étais dans une classe double niveau CM1 / CM2 avec Agnès, la maitresse que ma soeur avait eu pendant 3 ans qui était un amour de maitresse. Mais je ne l'ai eu que quelques semaines, elle est partie en congés maternité. Aujourd'hui Agnès est mon amie sur face book, et elle a beaucoup d'anciens élèves dans ses contacts. C'était une maitresse très appréciée. Le genre qui vous fait écouter de la musique le matin entre 8h30 et 9h pour que ses petits élèves se réveillent en douceur et qu'on attaque pas brutalement avec des exos de maths ou de français. Le genre aussi qui préfère faire apprendre à ses élèves une pièce de théâtre plutôt que de faire une dictée. Malheureusement je ne l'ai eue que très peu de temps pour en parler. 

Le sujet d'aujourd'hui est pas si simple. Parler d'un souvenir d'ecole quand on a 24 ans, bac + 5 donc pres de 20 ans de scolarité ça fait beaucoup.  C'est pourquoi après avoir réfléchi longuement, c'est de ma prof de russe que j'aimerai vous parler. 

Madame Pinson. Victorine pour être précise. Vipi, pour les intimes. Madame Pinson est petite, toute fine, mais on sent en elle une femme forte avec un passé peu évident. J'apprendrai au cours de mon année de première qu'elle est veuve. Elle a perdu son mari quelques années plus tôt.
 Madame Pinson, lors de mon premier cours de russe, le jour de ma rentrée de seconde, n'a pas dit un mot de français de tout le cours. Elle a parlé russe du début à la fin, mimant les mots qu'on ne comprenait pas. Et comme c'était drôle de voir ce petit bout de sauter et gesticuler dans tous les sens. Elle avait aussi sur elle un abécédaire de bébé. Elle nous apprenait l'alphabet. 
Des cette première heure de cours j'ai su que j'allais l'aimer. Ses cours mêlaient humour, civilisations, grammaire... Pas du tout le genre de cours chiants qu'on peut avoir en langue vivante. En seconde on était 15. En première et terminale on était 3. Le pied ! Deux années géniales. Avec mon amie Nina, Madame Pinson est un peu devenue notre mascotte. Des expressions à elle nous sont restées et nous les ressortons allègrement à la moindre occasion. 
Madame Pinson je l'aimais beaucoup. Elle nous faisait bosser comme des ânes, mais c'est parce qu'elle savait qu'on pouvait. D'ailleurs ce n'est pas pour rien que j'ai eu 17 en russe au bac. 

Si j'avais été prof, j'aurai voulu être comme Madame Pinson. Mais ... Je suis prof ! Et je me souviens de quand j'etais eleve et de Madame Pinson ma prof. Oui je lui ai dit l'année dernière que c'est  grâce à elle que je suis ici maintenant. Que c'est grâce à elle que le masque de la timidité est tombé. Quand je vois mes élèves je veux qu'ils voient en moi une Madame Pinson. Avec elle on pouvait parler de tout. C'est ça un prof. Elle était un peu à part. C'est peut être pour ça que 8 ans après l'obtention de mon bac j'en parle encore comme si je l'avais quittée hier. C'est peut être aussi pour ça que je garde contact avec elle. 
Un jour elle m'a dit "Coralie, t'es comme le bon vin, tu te bonifies avec le temps"


4 commentaires:

  1. Une relation particulière avec un prof, ça te reste toute la vie, je crois... Bel exemple !

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  2. Chère Page 24,
    Je cherchai à trouver le contact de Victorine Pinson quand je suis tombée sur votre blog. J'ai été son élève, avant qu'elle s'appelle Pinson (Mlle Corona à l'époque). J'ai eu 17 au bac en russe aussi grâce à elle, je m'appelle Agathe Berman (son élève au collège Pierre de Ronsard à Montmorency, allée avec elle en Urss), pouvez vous lui dire que cherche à lui écrire - agatheberman@free.fr - Merci.

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  3. Je l'ai eu comme prof de russe et j'avoue qu'elle m'a beaucoup apporté, aujourd'hui encore dans mes voyages, que devient-elle ?

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